A. Indications causales
On
cherchera à les dégager en remontant à l'infection (syphilis, paludisme) ; à
l'intoxication alcool) ; aux dyscrasies (urémie, diabète) ; aux toxi-infections
professionnelles; on supprimera l'apport de liquides toxiques; on fera le
traitement des états généraux dyscrasiques ; on fera cesser le travail
dangereux; s'il y a infection syphilitique, c'est la thérapeutique anti
spécifique par iodure et mercure; si paludisme par quinine et arsenic.
Chez les sanguins, les congestifs
arthritiques, ceux dans les familles desquels l'apoplexie est héréditaire et la
fin naturelle, on évitera les variations brusques de température, les travaux
intellectuels, les émotions morales, capables d'augmenter brusquement la
tension artérielle. L'hiver, on défendra la sortie : le froid vif resserre les
vaisseaux, périphériques, dilate les vaisseaux centraux: d'où rupture de
ceux-ci. Par mécanisme inverse, le soleil est redoutable l'été.
Les cardiaques seront mis au repos.
Les flux habituels et accidentellement manquants (règles, hémorroïdes), seront rétablis,
suivant la thérapeutique révulsive et dérivative.
B. Indications prophylactiques (médication) et hygiéniques (régime).
Médication.
Si le pouls est fort, bondissant, le cou court,
la figure injectée, si les artères sont dures, s'il y a des étourdissements,
des vertiges, des éblouissements, il faut faire tomber la tension artérielle. .
On remplit cette indication par une
saignée générale (saignée au pli du coude de 200 à 300 centimètres cubes), une
saignée locale (2 sangsues à chaque apophyse mastoïde); des sangsues au
fondement (de 6 à 8).
Les émissions sanguines sont
puissamment aidées par l'action à distance sur l'intestin, à l'aide des
purgatifs, purgatifs salins, purgatifs drastiques irritants.
Si le sujet est hémorroïdaire, on
s'efforcera, soit de réveiller le flux interrompu, soit d'activer l'écoulement et
de provoquer une crise hémorroïdaire.
L'iodure de sodium, médicament
hypotenseur, sera seul à remplir cette indication. On le donnera, seul ou associé
au bromure, suivant les formules suivantes :
Bromure de sodium----------30 gr.
Eau distillée--------------------300 cent, cubes
A prendre une cuillerée aux deux
principaux repas.
Iodure
de sodium-------------15 gr.
Bromure de sodium ---------15 gr.
Eau distillée------------------- 300 cent, cubes
à prendre une cuillerée aux deux
principaux repas; ou en dehors des repas, dans une tasse de lait ; ou le soir, au
moment du coucher, dans une tasse de lait ou une infusion de tilleul.
A l'exemple de mon maître, M. le professeur
Grasset, je crois que cette thérapeutique doit s'inspirer des principes généraux
du traitement des fluxions.
Je vais les rappeler brièvement, m'inspirant
de celui qui les a formulés le premier, de Barthez.
D'abord, fluxion n'est pas congestion. « La
fluxion est tout mouvement qui porte le sang ou une autre humeur sur un organe
particulier, avec plus de force, ou suivant un autre ordre que dans l'état
naturel».
La congestion est la suite, la
conséquence de la fluxion.
La fluxion peut être aiguë ou chronique.
La fluxion est élément morbide ; la congestion
est symptôme morbide. C'est la fluxion qu'il faut traiter, c'est le mouvement
fluxionnaire qui fait indication thérapeutique.
Or, l'indication est remplie par la
révulsion et la dérivation. Les évacuations ou les irritations
attractives, par rapport à l'organe fluxionné, que la fluxion y naisse ou qu'elle
s'y termine, sont de deux ordres :
a) révulsives, si elles se font dans
les parties éloignées de l'organe ;
b) dérivatives, lorsqu'elles se font
dans des parties voisines de cet organe.
Révulsion et dérivation ne sont donc pas
synonymes.
«Quand on cherche à attirer la
fluxion sur un point rapproche de l'organe malade, on fait de la dérivation.
Quand on cherche à attirer la fluxion sur un point éloigné de l'organe malade,
on fait de la révulsion. En mettant un vésicatoire sur le côté pour, un
épanchement pleurétique, on dérive ; en mettant des sinapismes au cou de pied contre
la congestion cérébrale, on révulse ». Grasset.
Ceci posé, voici les principes de la
thérapeutique bartbézienne.
1er principe. — Si la fluxion est imminente sur un
organe, s'y forme, et s'y continue avec activité, comme aussi lorsqu'elle s'y
renouvelle par reprises périodiques ou autres, il faut faire des évacuations
attractives révulsives par rapport à cet organe.
2e principe — Lorsque la fluxion est parvenue à
l'état fixe, dans lequel elle se continue avec moins d'activité qu'auparavant,
lorsqu'elle est devenue faible et habituelle, il faut préférer des évacuations
attractives dérivatives, qui se font sur les parties voisines de l'organe qui est
le terme de la fluxion.
3e principe. — Après avoir fait précéder ces
révulsions et ces dérivations, il faut souvent recourir à des attractions ou à
des évacuations locales, sur les parties même où se termine la fluxion ou dans
la partie la plus voisine possible. Si l'organe, terme de la fluxion, est très
vivement irrité, il faut combiner et alterner les attractions et évacuations
locales, les attractions et évacuations révulsives, les attractions et
évacuations dérivatives.
4e principe. — Les principes précédents se
rapportent aux cas où la fluxion qui se jette sur un organe vient de diverses
parties du corps qui ne sont connus que vaguement et où l'organe qui reçoit la
fluxion est le seul bien déterminé: cerveau dans congestion cérébrale, dans hémorragie
cérébrale.
Il est des maladies, chroniques surtout, où
l'organe, d'où vient la fluxion, peut être assigné où bien connu (exemple dans
une suppression des règles chez une goutteuse).
Alors, il faut établir une dérivation
constante, non auprès de l'organe où la fluxion se termine, en l'espèce l'utérus,
mais auprès de l'organe, d'où cette fluxion prend son origine, le pied
goutteux.
5e principe. —Les révulsifs et les dérivatifs
doivent être placés dans la même moitié du corps que l'organe fluxionné.
Voilà les règles générales du traitement des
fluxions.
Les moyens de remplir les
indications sont: la saignée, les épispastiques, les cautères.
1. Saignée.
a) Lorsqu'il y a pléthore, ou
orgasme de la masse du sang, faire toujours précéder la saignée générale, avant
de faire des saignées locales ou dérivatives.
b) Lorsque la fluxion n'est
qu'imminente ou n'est point encore établie, après un choc, un coup, il faut faire
de la révulsion, c'est-à-dire une saignée lointaine du lieu où se fera la
fluxion.
Quand la fluxion est dans l'état,
qu'elle est fixée, saignée dérivative.
c) Lorsqu'une fluxion se porte à la
tête, est parvenue à son état fixe et s'y immobilise sans variations, saignée de
la jugulaire; s'il y a indice de raptus ou tendance plus ou moins forte du sang
vers la tête, saignée du pied.
d) Une fluxion est parvenue à son
état, faut-il saignée révulsive ou dérivative? Si pléthore générale, si
fluxion par pléthore locale, dérivation. Si la fluxion locale se répète
fréquemment sur le même organe, faire suivre la saignée dérivative de plusieurs
saignées révulsives.
e) La
saignée locale par scarifications, ou ventouses, ou sangsues est plus puissante
que la saignée dérivative : aussi peut-elle aggraver la fluxion. Il faut alors
la faire précéder d'une saignée évacuatrice générale.
2. Epispastiques ou attractifs.
Ils sont de deux sortes:
1° ceux qui sont simplement
irritants sans évacuer;
2° ceux qui, en même temps qu'ils
irritent, déterminent une évacuation par la solution de continuité de l'organe extérieur,
comme sont les ventouses avec scarifications, les vésicatoires, les cautères et
les sétons.
a) Irritants sans évacuer :
ventouses, sinapismes, vésicatoires.
b) Epispastiques ou attractifs qui
déterminent une évacuation considérable, par une solution de continuité qu'ils
opèrent dans le tissu de l'organe extérieur : ventouses avec scarifications,
vésicatoires, cautères, sétons.
C'est toujours d'après les principes qui font
préférer la révulsion ou la dérivation dans le traitement des fluxions qu'on
doit régler le choix des parties sur lesquelles il est le plus avantageux
d'appliquer les vésicatoires, et en général les épispastiques.
3° Cautères. Le cautère actuel, ou du feu, a de grands
avantages sur les caustiques. On doit observer les lois du traitement des
fluxions, dans le choix des parties sur lesquelles il convient d'appliquer le
cautère.
Il en est de même pour le moxa (On
donne ce nom à un mode particulier d'ustion qu'on pratique à l'aide d'un cône
ou d'un cylindre de matières très combustibles, armoise, chanvre, lin, amadou
qu'on brûle sur la peau) (tente formée des feuilles sèches de l'armoise).
Les cautères ou issues qu'on établit
en divers endroits du corps à la suite d'une escarre qui est produite par l'application
d'un caustique ou par le moyen d'une incision faite à la peau, sont indiqués
dans un grand nombre de maladies chroniques causées par fluxion, où l'on a lieu
de croire que le flux habituel qu'ils procurent fera une révulsion constamment
avantageuse.
Les sétons établissent des issues semblables à
celles des cautères.
Le choix des endroits où l'on doit appliquer
les cautères et les sétons doit être ordinairement réglé d'après les principes
généraux et particulièrement le quatrième principe du traitement des fluxions.
Régime
Il variera suivant qu'il y a anémie ou
congestion.
Dans le premier cas, régime tonique,
reconstituant, aidé des stimulations de la peau par les bains, les Frictions sèches,
l'hydrothérapie froide et tiède. L'indication à remplir est celle de relever
l'état des. forces par la nutrition plus active.
S'il y a congestion, l'indication majeure sera
d'atteindre l'hypertension artérielle et, par suite, de faire une nutrition
juste suffisante. Le sommeil, après les repas, sera évité par une alimentation
légère dont le fonds sera constitué par le régime lacto-végétarien. Le
congestif se livrera à la marche, aux exercices de chambre, poids, haltères,
frictions sèches; massage; bains tièdes ; bains de pieds fréquents. Pas d'eau
froide.
Alimentation très simple, la plus frugale
possible.
Éviter les repas copieux, les écarts
de régime. Les viandes noires, faisandées sont proscrites; le pain sera permis
en petite quantité ; de même les farineux.
Pas de café, de thé, d'alcools, de tabac. Eau
pure aux repas, ou bien eaux alcalines, Vais, Vichy, Le Boulou, Alet. On se
trouvera bien de mettre, par litre d'eau minérale, 1 gr. de benzoate de
lithine. Vittel est indiqué (source salée et grande source).
Tous les repas seront-suivis d'une
courte promenade en terrain plat, sans arrêts. Insister sur les fruits mûrs, et
assurer par des selles régulières, spontanées, ou régularisées par des
laxatifs, -des purgatifs, des lavements, l'absolue liberté du ventre.
Chez les cardio-scléreux, à la phase
de présclérose, l'hygiène et le régime alimentaire sont la base du traitement.
On peut le résumer ainsi qu'il suit:
1. Laitage dans l'alimentation,
diminution de certaines boissons et surtout suppression de celles qui sont
excitantes, thé, café, liqueurs, vin pur; suppression des aliments, renfermant
ptomaïnes et toxines (poissons, viandes faisandées et peu cuites, conserves
alimentaires, fromages faits, charcuterie, gibiers, dont la viande est d'autant
plus toxique que l'animal a été davantage surmené par la course et la chasse).
Diminution des boissons et suppression de la viande : les toxines alimentaires sont
vaso-constrictives à un haut degré (Huchard).
Une ou deux fois par jour, le matin à jeun ou
le soir, au moment du coucher, un verre d'eau (Vittel, Évian, Montigny, Contrexéville,
Capvern, Aulus) additionné d'un cachet de 0,30 centigr. de lycétol (tartrate de
dyméthyl-pipérazine).
2. Gymnastique musculaire et
massage.
a) Massage abdominal répond à deux indications
principales: réduire stase circulatoire des veines mésaraïques, activer la
diurèse ; il fait disparaître ainsi : « la pléthore abdominale».
b) Massage général et massage des muscles.
3. Saignée. Elle peut lutter
avantageusement, d'une façon rapide mais non durable, contre les effets d'une hypertension
artérielle exagérée, contre les menaces d'une congestion ou d'une hémorragie
cérébrale
(Huchard).
4. Médication diurétique, régime
lacté mixte (un ou deux litres de lait par jour au moins, avec beaucoup de légumes
et peu de viande). La caféine et surtout la théobromine sont indiquées.
Je partage, d'une façon absolue, l'opinion de
Huchard: la théobromine est le plus puissant et le plus fidèle des diurétiques
(3 à 6 cachets de 0,50 centigr. pro die). Chez les vieillards-scléreux, j'ai
toujours eu à m'en louer.